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les 10 et 11 juin 2009 l'ouverture de cet inter-séminaire se fera autour de la question
QU'EST-CE QU'UN MOUVEMENT ? Introduction et travail prépartoire...
A l'occasion des mouvements de ces dernières années nous avons expérimenté des formes de recherche et de relation au savoir en résistance aux modèles dominants qui tendent à s'imposer. Indépendamment de la réussite ou de l'échec des différentes séquences de lutte passées ou à venir, l'autonomisation de ces pratiques tant par rapport aux pressions économiques que par rapport aux cadres universitaires classiques - ouvrent sur un champ nouveau. S'y est fait jour, grâce au temps de la grève, l'intensité proprement politique du rapport entre la théorie et la pratique.
Nous initions un "inter-séminaire" qui a pour vocation de faire résonner entre elles ces expériences (groupes de réflexion et de recherche ouverts, mises en pratique de l'université expérimentale, séminaires de grève autogérés, etc.) afin qu'elles s'enrichissent mutuellement et qu'elles puissent mettre en commun des réflexions et des réalisations.
Qu’est-ce qu’un mouvement ? ... et qu’est-ce qu’on peut y faire ?
Chaque année ça recommence. Chaque année de nouvelles lois qui représentent toutes les mêmes logiques nous amènent à nous mobiliser. Parfois on contient un peu le flot, parfois on perd sur toute la ligne, souvent même l’application des réformes est reportée (aux vacances...) ce qui reporte aussi le combat, voire le supprime. Face à cela, allons-nous continuer à faire des mouvements de la même manière chaque année - répéter les mêmes gestes, comme si c’était la première fois ?
Les mouvements ne sont pas, comme on voudrait nous le faire croire, des combats apolitiques motivés par un calcul d’intérêt, qui nous mèneraient, après des manœuvres stratégiques et d’habiles négociations, à un profit, dans des situations qui nous concernent en particulier (en tant qu’étudiant, enseignant, travailleur de telle entreprise, etc...). En pensant les choses de cette manière, on reproduit exactement le schéma dominant: celui d’un individu narcissique, isolé, séparé, qui travaille et qui consomme, qui évalue soigneusement ses intérêts « privés » et laisse la politique aux professionnels dont c’est le métier.
Mais il faut vivre un mouvement social pour savoir que tout cela n’est que du discours superficiel. Il faut le vivre pour mesurer à quel point s’y créent des lieux politiques, où se pratique la démocratie, la création, la rencontre, l’enthousiasme. Derrière l’aspect terne des mots d’ordre et des argumentaires, il y a la richesse passionnante d’une expérience collective. Et derrière cette expérience il y a une possibilité politique, une possibilité d’émancipation autrement plus profonde que ce que font les politiciens quand ils accèdent au pouvoir, à savoir essentiellement de la gestion.
Pourtant il semblerait que dans les AGs, les comités de mobilisation, les déclarations publiques, les slogans, une forme de convention s’applique, qui dissuade de parler des vraies raisons pour lesquelles on se mobilise – que ce soit la joie que procure le mouvement en lui-même (son être-ensemble, ses rencontres), ou que ce soient les perspectives qui alimentent ce mouvement, les valeurs qui sous-tendent la contestation de circonstance (et qui peut dire dans la mobilisation en cours que la LRU est sa seule hantise ?).
Certains diront que pour des raisons stratégiques il faudrait masquer tout cet arrière-plan, et le dévoiler peu à peu selon le mûrissement de la situation ; à cela, qui n’est rien d’autre que de la « manipulation », nous opposons la force d’une affirmation sincère. Et nous espérons bien briser ainsi l’enclos stratégique, qui nous dessert plus qu’autre chose, parce qu’il nous empêche de poser les vraies questions : Qu’y a-t-il derrière les décrets, puis derrière la LRU, puis même derrière le processus de Bologne ? Des choses révoltantes, n’y en a-t-il qu’à l’université? Pourquoi est-ce qu’on ne lutte pas, alors, sur d’autres fronts ? Dans quelles perspectives ?
On nous objectera que le mouvement n’est pas un lieu pour tout ça : il y a des partis s’il l’on veut faire de la politique, des syndicats si l’on veut lutter plus largement. Mais tout l’enjeu d’une politique d’émancipation aujourd’hui, consiste à ne pas s’en tenir là. Car le risque y est presque inévitable de précipiter dans le morcellement ce qui dans le mouvement parvenait à tenir ensemble. Tandis que le mouvement est constitué par sa base, et assure par ce biais du commun, les directions des partis et des syndicats trouvent des facilités bien plus grandes à se diviser puisqu’elles sont marquées par les joutes de pouvoir en comité restreint. « Le mouvement », comme l’appellent, sans préciser davantage, ceux qui le vivent au présent, doit primer sur tel ou tel parti ou syndicat, que son nom et son sigle risquent d’étiquetter et d’enfermer dans un sinistre déjà-vu.
La politique est dans les liens, les situations, les pratiques qu’on crée à la base, pas dans l’interminable balancier électoral. Elle est dans l’audace des questions radicales, pas dans la frilosité des aménagements à courte vue.
CE QUE NOUS POUVONS ALORS NOUS DEMANDER DES MAINTENANT, c’est COMMENT NOUS ALLONS CONTINUER LE MOUVEMENT APRES LE MOUVEMENT. Des idées ?
Continuons à nous réunir en comités de mobilisation, même après la fin du mouvement officiel ; s’y engouffreront toutes les questions fondamentales qui jusque là étaient contenues aux marges. Réfléchissons aux actions que, maintenant, nous pouvons faire. Plutôt que de faire le mouvement comme on vit (comme un travailleur-consommateur aliéné), vivons comme on fait un mouvement (dans la rencontre, l’enthousiasme, la réflexion et l’exigence démocratique) !
Nous romprons ainsi l’isolement, nous exploiterons les brèches ouvertes ! Et il nous faut créer ce fil souterrain qui relie entre eux les mouvements et qui alimente chacun de l’expérience des précédents... Maintenir le mouvement, ce sera aussi rendre possible une convergence des luttes sans raccords superficiels par le haut : dans la rencontre et la création de liens concrets avec tous ceux qui luttent, salariés, chômeurs, sans papiers, intermittents, etc...
Les mouvements ne seront pas la répétition illimitée d’une première fois. Et plus même qu’une nuit d’amour, il s’agit de construire une vie d’amour - trouver enfin la durée...
Nous aurions dû continuer ce mouvement depuis le début! Mais ce n’est pas trop tard! Continuons, nous poserons les vraies questions, l’inquiétude changera de camp, il y aura peut-être du nouveau!
Nous vous invitons à l'ouverture de cet inter-séminaire *Mercredi 10 juin 2009 à 15h à l'Ecole nationale supérieure des beaux-arts de Paris - Salle de conférence du Palais des études - 14 rue Bonaparte 75006 Paris M° St Germain-des-Prés* et *Jeudi 11 juin 2009 à 15h à l'Université Paris 8 Saint-Denis - RDV Hall A - 2 rue de la Liberté 93526 Saint-Denis M° Saint-Denis Université* Venez nombreux.